J'ai douze ans. C'est un soir d'été, en Ardèche, en rentrant d'un pique-nique prolongé au bord de la rivière. Mes parents sont dans la voiture et moi je cours, devant, dans la nuit, sur un sol accidenté, éclairée par les phares de la voiture.
Il fait doux, je suis seule dans ma course vers l'inconnu et pourtant je suis rassurée que mes parents soient là, derrière moi.
J'entends le bruit des petits cailloux sous mes pieds, l'air devient comme une caresse, j'entends battre mon cœur et une douce chaleur commence à m'envahir.
Je flotte dans un bien-être, entre extérieur et intérieur. Un équilibre.
Comme si la course me faisait mieux écouter, éprouver les choses.
Avant que mes parents n'empruntent la départementale, je remonte en voiture. J'accueille alors les sensations d'un bonheur complet, le temps est suspendu, c'est un moment de grâce... Je sens mon sang chaud circuler dans tout mon corps. J'entends mon pouls raisonner dans mes extrémités, particulièrement dans mes doigts. Je sens des fourmillements par milliers sur mon crâne à la racine des cheveux. Mon coeur bat encore fort. Je l'observe s'emballer, puis doucement se calmer, pour laisser place à une profonde détente.
Je venais de découvrir le plaisir de l' effort physique.
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